Les créatures comme miroirs du moi intérieur
Les créatures symboliques ont longtemps servi de reflets à l'intériorité humaine – des strates d'instinct, d'émotion, de désir et de mémoire que le réalisme seul ne saurait exprimer. Dans mes portraits surréalistes, des êtres hybrides émergent comme des prolongements émotionnels de la figure. Ce ne sont ni des monstres, ni des animaux, ni de pures créatures végétales ; ils se situent dans un entre-deux. Cette liminalité leur confère leur pouvoir. Ils reflètent la complexité intérieure que les mots peinent souvent à nommer, fonctionnant comme des archétypes discrets, façonnés par la sensibilité plutôt que par le récit.

La créature douce et surréaliste comme langage émotionnel
Les créatures de mes œuvres sont volontairement douces : des formes arrondies, des centres lumineux, de délicates distorsions. Leur douceur contraste délibérément avec la nature troublante de l’hybridité. Elles véhiculent une signification émotionnelle plutôt qu’une menace. Une branche végétale enroulée, une aile miroitante ou un pétale aux allures de créature peuvent exprimer la tendresse, la prudence, la vulnérabilité ou l’éveil. Ces êtres constituent un vocabulaire symbolique. Ils permettent à l’émotion de prendre forme sans perdre en subtilité.
L'hybridité comme transformation
Une créature hybride incarne la transition. Elle vit au point de rencontre de deux états, voire plus : végétal et humain, lumière et ombre, connu et étrange. Dans mon art, cette hybridité révèle souvent une transformation intérieure que vit la figure. Un pétale qui se mue en membre, un œil au sein d’une fleur, un visage qui se fond dans les replis végétaux, suggèrent une évolution émotionnelle. Ces êtres portent en eux la tension du changement. Ils donnent forme à une transformation encore inachevée, toujours en devenir.

Archétypes issus de la logique des rêves
Si certains archétypes puisent leur source dans la mythologie, les créatures de mes portraits émergent plutôt de la logique onirique. Intuitives et spontanées, elles prennent souvent des formes familières sans être identifiables. Cette origine onirique renforce leur présence archétypale. Elles incarnent des états émotionnels universaux : la peur contenue, le désir naissant, la douceur face à l’obscurité, l’identité qui se fragmente ou se reforme. Ce ne sont pas des personnages ; ce sont des états psychologiques incarnés.
Centres lumineux comme symboles de lumière intérieure
Nombre de mes êtres hybrides renferment des graines lumineuses ou des noyaux luminescents. Ces centres symbolisent la conscience ou la clarté émotionnelle. Ils pulsent doucement au sein de la créature, suggérant que même dans la complexité ou l'incertitude, une source de lumière demeure. Ces lueurs deviennent une affirmation visuelle de la force intérieure, de l'intuition ou de la vérité – des fragments de soi rendus visibles par un symbolisme surréaliste.

Les créatures comme compagnons protecteurs
Plutôt que d'être des présences effrayantes, mes créatures symboliques agissent souvent comme des gardiennes. Elles planent près du visage, enveloppent légèrement la silhouette ou se fondent dans les contours du portrait. Leur présence est protectrice, comme si elles veillaient sur le monde émotionnel qu'elles habitent. Cette qualité protectrice fait écho à la façon dont nous portons en nous des guides intérieurs ou des voix intérieures – un mélange de mémoire, d'instinct et de désir de sécurité.
Couches émotionnelles contenues dans la forme et le mouvement
Les formes de ces créatures sont superposées, à l'image des émotions. Un pétale aux reflets miroirs peut exprimer à la fois conflit et clarté. Une créature émergeant de l'ombre peut représenter la peur et la curiosité. Un hybride aux multiples regards suggère une conscience tournée vers l'intérieur. Chaque forme recèle une dualité, une contradiction, une tension qui enrichit et complexifie la vie émotionnelle. Le spectateur perçoit cette superposition et interagit avec la créature comme si elle était vivante.

Manifestation par la présence symbolique
Dans ce contexte, la manifestation ne consiste pas à provoquer des résultats extérieurs. Il s'agit de reconnaître les forces intérieures qui façonnent le soi. Mes créatures hybrides visualisent ces forces. Elles rendent visibles les tendances intérieures – intuition, désir, transformation, protection, sensibilité – et leur donnent forme. Lorsque ces êtres symboliques apparaissent dans un portrait, ils révèlent ce qui émerge, se transforme ou se solidifie au sein de la figure. La manifestation devient alors un acte intérieur : la reconnaissance des archétypes qui existent déjà en nous.