La féminité comme atmosphère, et non comme stéréotype
Dans mes portraits, la féminité ne se définit pas par un simple geste, une expression ou un symbole. Elle n'est ni d'une douceur décorative, ni d'une beauté ostentatoire, ni par les clichés hérités du portrait traditionnel. Au contraire, elle se fond dans l'atmosphère : des nuages de couleurs, des ombres qui respirent, des pétales qui flottent autour du visage, des dégradés qui évoquent des humeurs. Les femmes que je peins vivent dans des espaces oniriques, non pas parce qu'elles sont irréelles, mais parce que leur monde émotionnel est trop complexe pour être réduit à une simple représentation.

Le féminin vu de l'intérieur
Peindre les femmes comme des femmes change tout. Cela permet un regard qui n'est ni extractif, ni objectifiant, ni exigeant clarté ou certitude. Mes portraits ne sont pas conçus pour afficher la féminité extérieurement ; ils la reflètent intérieurement. Les figures existent dans des états de flottement, de devenir, de dissolution. Leurs yeux portent souvent une sorte de douce distance, non pas le vide mais un mouvement intérieur – la sensation d'être à la fois présent et ailleurs, de penser et de ressentir simultanément.
Cette perspective crée une forme de réalisme émotionnel qui sous-tend les textures surréalistes.
Dreamcore comme adoucissement émotionnel
Les influences dreamcore façonnent l'apparence de ces femmes : contours lumineux, transitions floues, ombres pastel, légères distorsions évoquant le souvenir plutôt que le fantasme. Ces éléments adoucissent la silhouette sans la fragiliser. Ils confèrent au portrait une ambiguïté, un espace où le spectateur peut ressentir sans chercher à décrypter. Le dreamcore n'est pas une forme d'évasion ; c'est une atmosphère émotionnelle. Il offre aux femmes la liberté d'exister dans des états non linéaires et non définis.

Des visages qui dérivent entre les mondes
Dans mon œuvre, nombre de femmes semblent flotter entre veille et rêve, entre identité et métaphore. Leurs formes se brouillent légèrement, comme si la frontière entre monde intérieur et monde extérieur s'était amincie. Cette liminalité reflète l'expérience émotionnelle vécue par beaucoup de femmes : naviguer simultanément entre intensité, douceur, force, pression, tendresse et espoir. Ce passage d'un monde à l'autre n'est pas confusion, mais multiplicité.
Des couleurs qui expriment des émotions plutôt que la peau
Dans ces portraits, la couleur exprime davantage les émotions que l'anatomie. Les bleus évoquent l'introspection, les roses le souffle, les violets la mélancolie, les verts acides la tension. La palette crée une intensité émotionnelle plutôt qu'une carnation réaliste. L'attention se porte ainsi non plus sur l'apparence physique, mais sur les sentiments de la femme et sur la façon dont elle est perçue. La couleur devient un langage de l'intériorité, au-delà de l'apparence.

La figure féminine comme paysage émotionnel
Au lieu d'un personnage singulier, la femme devient un environnement. Un visage se métamorphose en un horizon de dégradés. Les cheveux deviennent texture. Les ombres deviennent poids émotionnel. Les fleurs fusionnent avec le corps, non comme ornement, mais comme métaphore : cycles, croissance, renouveau, tendresse, résistance. Ces éléments surréalistes permettent au portrait de fonctionner comme un paysage de sentiments, où chaque détail reflète un état intérieur.
La féminité onirique comme agentivité
Une femme onirique n'est pas passive. Elle est opaque, introvertie, d'une grande complexité émotionnelle. Le Dreamcore lui permet de se soustraire à la clarté exigée par le regard traditionnel. Sa douceur n'est pas une faiblesse, mais une autonomie. Son ambiguïté n'est pas un vide, mais une vie intérieure. Dans ces portraits, la féminité ne se réduit pas, elle s'épanouit.
Les femmes de rêve ne sont pas des fantasmes.
Ce sont des vérités émotionnelles mises en scène.